Un ciel plein d'étoiles...

Un avion décolle, fin octobre 1949. Il n'arrivera jamais à destination. Ce crash là, tout le monde ou presque le connait, du fait de la présence à bord de l'avion de Marcel Cerdan, boxeur de légende et amant d'Edith Piaf. Oui il y avait Marcel Cerdan... Mais qui d'autre?

C'est à cette question que s'intéresse Adrien Bosc dans "Constellation". Qui était à bord? Pourquoi? Et que s'est-il passé?

Finalement, l'auteur s'intéresse à des questions qu'on se pose fatalement face à une catastrophe : quel enchaînement? Qui était là et n'aurait pas du? Qui aurait du être là et ne l'était finalement pas? Et qui étaient ces gens qui ont brutalement disparu?

Ce roman a obtenu un des premiers prix littéraires de la saison, le Grand Prix de l'Académie Française 2014. Ca en jette, surtout quand on connait l'âge du bonhomme (je ne dirai rien, et non je ne suis pas jalouse d'abord... Ou à peine). Et c'est un prix mérité pour ce roman assez court, qui se lit d'une traite et rend d'une certaine façon hommage à ces anonymes qui étaient dans cet avion, et dont plus personne (ou presque) ne se souvenait.

Adrien Bosc évoque bien entendu Marcel Cerdan, impossible de l'ignorer, il détaille tout ce qu'on peut savoir du crash, avant, après, il parle également de la musicienne virtuose Ginette Neveu, très célèbre à l'époque, mais il détaille aussi les destins des bergers basques qui partaient chercher une vie meilleure aux Etats Unis, d'un journaliste canadien, d'une ouvrière alsacienne...Tous ces destins croisés et unis dans la tragédie.

Présenté comme ça, il y a un côté un peu pompeux et larmoyant. Mais le roman évite ces écueils et on a vraiment l'impression d'une volonté de se souvenir de ces victimes oubliées, de ces vies balayées, anéanties.

On découvre ainsi que des destins très divers ont été amenés à se croiser, sans que rien ne les réunisse au départ. Juste le hasard des voyages... Pas vraiment une rencontre, juste un même endroit, au même moment.

Des destins brillants, des existences modestes, des espoirs, des coups de folie, de mauvaises circonstances... Mélangez tout cela et voilà, voilà l'humanité ordinaire (ce n'est pas péjoratif) qu'on retrouve dans tout drame collectif.

Constellation c'est le nom de l'avion qui s'est crashé. C'est aussi un ensemble d'étoiles, des étoiles qui ont toutes leur place dans notre mémoire...

L'écriture est comme la ligne claire des bandes dessinées : fluide, claire justement, simple, efficace. Ce n'est pas inoubliable mais c'est très bien mené, agréable à lire et très instructif!

La chanson qui va bien avec : Françoise Hardy et Jacques Dutronc "Puisque vous partez en voyage"