C'est quand le bonheur? [Olivier Bourdeaut "en attendant Bojangles" ]

Publié le par la liseuse paresseuse

Il était une fois... Un petit garçon, dégourdi et intelligent, qui faisait le bonheur de ses parents, des parents fantasques, pour le moins. Des parents originaux, au minimum. Des parents dingues... De plus en plus.

Voici un premier roman qui envoie du pâté : "en attendant Bojangles" du prometteur Olivier Bourdeaut, dépeint la vie d'un couple à travers les yeux de leur petit garçon. Le père est un homme original, qui rencontre un jour une femme totalement barrée, qui n'aime pas la platitude du quotidien et tout faire comme tout le monde. C'est le coup de foudre, dans un éclat de folie douce. 

Et les éclats vont s'enchaîner, puisque ces deux là s'aiment d'amour fou. Madame change de prénom au gré des inspirations de son mari, lequel invente pour son épouse des délires quotidiens qui la font rire. Un petit garçon naît, qui va raconter leur histoire, une histoire où figure en bonne place l'animal de la maison : Mademoiselle Superfétatoire, une grue ramenée d'un voyage en Afrique, affublée d'un collier de perles. Le décor est planté. 

Voilà un roman original, au style très fluide, qui commence comme une farce et se termine la gorge serrée. Le récit alterne la narration de l'enfant, et les extraits du journal intime du père, ce qui donne un rythme intéressant au livre, et permet de jouer sur différentes émotions. 

C'est donc une histoire baroque, enlevée, souvent drôle, parfois poignante. Le roman glisse d'ailleurs de la légèreté vers la gravité, on le sent assez rapidement : sous le vernis de la gentille dinguerie se cache quelque chose de plus menaçant et de plus noir.

Certaines scènes sont irrésistibles : celle avec l'agent des impôts est inoubliable, et les interventions de "l'Ordure", un ami sénateur, donnent lieu aussi à des dialogues assez savoureux. L'ensemble se lit rapidement, tant le style est efficace et précis. On attend le dénouement, qu'on devine par moments, avec appréhension et avidité. 

Avant toute chose c'est un roman d'amour, nan nan point d'Harlequin et de mièvrerie sucrée ici, on parle d'amour vrai, d'amour profond, d'amour fou, vraiment fou, et c'est beau. 

La chanson qui va bien avec : celle qui donne son titre au roman, et qui en est la bande-son "Mister Bojangles" de Nina Simone, mélancolique, douce et amère. 

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