C'est l'histoire d'un mec... [Mathias Enard - "Rue des voleurs"]

Publié le par la liseuse paresseuse

C'est l'histoire d'un mec... [Mathias Enard - "Rue des voleurs"]

Mathias Enard vient de recevoir le prix Goncourt pour "Boussole". Ça en jette.

J'avoue je n'ai pas lu ce dernier roman car j'ai entendu dire que c'était un livre très érudit, très dense... Pas très facile à lire. Mais un prestigieux prix littéraire, bon... Ça ne fait pas tout mais ça signifie de grandes qualités quand même (j'ai beaucoup beaucoup aimé les Goncourt 2013 et 2014, moins le 2012 c'est vrai).

Puisque Mathias Enard rejoint le club très fermé des primés, on peut avec plaisir plonger dans son œuvre précédente : " rue des voleurs", qui sera sans doute plus disponible dans les bibliothèques que le livre récompensé.

Lakhdar vit à Tanger, il dévore des polars et se laisse tenter par le charme de sa cousine... Glups glups ils se font prendre et Lakhdar va finir à la rue, chassé comme un malpropre par sa famille.

Et voici le début de "rue des voleurs" qui va s'attacher aux pas de Lakhdar, un jeune marocain plein d'idéaux, de naïveté, d'espoir.

Ce roman d'une grande fluidité, au style précis, se lit d'une traite. Enard nous fait suivre son héros dans ses errements et ses réussites. On sent bien que Lakhdar se retrouve dans des plans louches, avec des gens pas très fréquentables. Mais il est jeune et ne voit pas toujours le mal.

La fin arrive comme un coup de poing, même si on devine bien dès le début qu'on n'ira pas vers un dénouement à la Disney. De là à deviner ce qui va se passer... (Quel teasing hein?)

C'est un roman qui s'inscrit pleinement dans l'actualité, avec les rêves d'Europe d'un jeune marocain qui a envie d'ailleurs, envie d'opulence, envie de facilité, envie de légèreté et de liberté.

Lakhdar va donc partir à l'assaut de la citadelle Europe, après en avoir rêvé et en avoir humé tous les enivrants parfums. Ce sera rocambolesque, comme on imagine.

Et bien sûr, en Europe, plus précisément en Espagne, Lakhdar devra lutter, exister, survivre, jusqu'au dénouement, d'une grande brutalité.

Mathias Enard a du talent le bougre. Ça n'est plus du tout un scoop, mais son talent explose dans ce roman, tant ses phrases sont souples, son histoire attachante, ses rebondissements haletants.

Je le reconnais, la quatrième de couverture ne m'emballait pas outre mesure, et finalement l'ensemble se lit à la fois comme un polar et un reportage. C'est très intense.

Un article paru récemment dans la presse faisait poser Enard en Balzac. La ressemblance n'est pas uniquement physique!

La chanson qui va bien avec : "c'est déjà ça" d'Alain Souchon

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